Vivre sa Vie

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L'enfant secret
Fox
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Vivre sa Vie; paintings and publication (2006)

In 2006, I worked on Vivre sa Vie, a series of paintings and a publication, that was one of the last exhibitions at Espace SD (1999-2006). 

Vivre sa Vie is a visual reinterpretation of cinema’s notion of passion. All of the films I chose had a common story line where the protagonist carries their love to an extreme, even to possible death. Inspired and in parallel with, my own impossible story of love.

Press:

L’Orient

 

La revue du Liban

 

Nahar

____
L’étreinte………………………………………………. Philippe Azoury

Qui peut dire la trace que le cinéma laissera en nous ? Qui sait d’avance à quoi ressemblera
cette trace ? à un baiser ou à une cicatrice ? Les films se déposent si doucement sur nos paupières qu’on ne les sent pas toujours s’inscrire. Nous vivons un rêve. Il n’y a pas de choc, ce n’est pas vrai, sinon l’impact d’une image, d’une séquence, d’une phrase interromprait son défilement, du sang coulerait par afflux panique dans notre coeur et des larmes viendraient inonder notre visage ou le ravir de plaisir, on ne verrait plus rien, on ne pourrait plus voir, on tomberait sous le coup d’une épilepsie soudaine, ce coup de foudre. Mais l’image ne dit pas l’effet qu’elle est en train de nous faire. Elle continue de faire semblant, de se reproduire sous d’autres images, de changer de peau, de nature, de sons et de signes 24 fois par seconde, exactement comme si de rien n’était. Aimer un film, c’est tomber amoureux d’un secret.

Le cinéma, quand il s’est donné et quand on l’a reçu, a changé de nature. Il n’est plus, il ne peut plus être, une image en mouvement. C’est pourquoi il fait mine de ne pas voir qu’il a été vu, de ne pas entendre la passion que le spectateur, ce commotionné sentimental, lui signifie. Mais pour combien de temps encore, ce semblant d’ignorance ? Une image s’est
cristallisée, une image est née d’une autre image, une image s’est retirée d’elle même du mouvement, un son s’est arraché au continuum. D’elle-même? Pourtant, on se souvient être venu la chercher, avoir mis nos mains dans le film, plongé en son ventre. On est entré dans la salle pour arracher l’image à la mécanique d’entraînement, repartir avec ce viol là, une étreinte. Si les choses avaient un sens, je m’enfuirais du cinéma comme un voleur, avec une image, ou une série, sous le bras, que je tiendrais serrée contre moi. Et cette image manquerait à jamais au film, elle y serrait comme un trou. Elle serait à moi, et à moi seulement. Mon petit fétiche. Mon amour. Ma cicatrice. Enfant, Antoine Doinel n’a jamais volé que deux choses : une photo de Monika, prise dans la plénitude zénithale de l’île de Farö, une photo de Monika en train de jouir du soleil et de sa liberté, et une machine à écrire. Pour écrire sur l’image. Pour la rejoindre. Pour aller avec elle : dans le soleil, dans la jouissance.

L’horreur des films, c’est que l’Eden qu’ils nous accordent puisse appartenir à d’autres. On les voudrait pour soi. Comment peut-on être autant à les voir se déshabiller devant nous et continuer de croire qu’ils ne l’ont jamais fait que pour nous seuls. Un jour, on ne sait plus pourquoi on écrit sur les images que l’on aime ou qui nous font mal, pourquoi on en vient à les peindre, à les coucher sur toile. Sûrement pas pour en avoir le coeur net. Et encore moins pour les posséder. On peint et on écrit pour se rassurer : on n’a rien vu. Il ne s’est rien passé d’autre qu’un drôle de moment d’amnésie. Voilà ce qu’on écrit et voilà ce que l’on peint : notre amnésie. On écrit et on peint le vortex dans nos yeux, quand l’image qui vient d’y entrer déjà n’y est plus, n’y sera jamais, de passage en nous, agissant à sa guise. On écrit et on peint le passage d’une image en nous. On ne retient rien, on ne retient pas. On écrit et on peint pour se réveiller de ce flou. Mais on n’en sort pas, ce serait si simple, maintenant qu’on a écrit, maintenant que l’on a peint, une autre image, soeur incertaine de l’image est venue se superposer sur l’image. Elle existe, cette seconde image, pour détacher l’image du récit et prévenir (mais prévenir qui ?) d’un danger en cours : il y a un abîme, un trou, et il nous a avalé.

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